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Interview Elle Suisse 2 octobre 2006

DIDIER GILLER,
UN COACH
DANS VOTRE
DÉCO

EN QUOI VOTRE APPROCHE SE DIFFÉRENCIE-T-ELLE DE CELLE D’UN DÉCORATEUR D’INTÉRIEUR ?

Je travaille depuis quinze ans dans la décoration d’intérieur et j’ai constaté que les personnes qui font construire sont souvent frustrées. Au début, l’architecte est très présent, mais à partir du second oeuvre les personnes sont souvent un peu laissées à elles-mêmes. Elles sont essentiellement confrontées à deux difficultés. La première est d’arriver à imaginer le résultat quand elles choisissent un matériau ou une cuisine, la seconde est d’ordre financier. Le budget à l’intérieur comme aux sols, les sanitaires et la cuisine est généralement insuffisant, ce qui engendre des demandes supplémentaires de crédits auprès des banques.  Mon approche consiste donc à travailler en amont en étant présent dès l’avant projet. En fait, je fais le lien entre l’architecte et les clients. Je fais par exemple, un planning très précis qui permet aux clients de passer leur commande au bon moment afin d’éviter le stress de dernière minute où ils doivent se décider en deux jours.

COMMENT TRAVAILLER-VOUS ?

J’écoute. C’est l’essentiel car je veux exprimer le mode de vie des personnes à travers leur intérieur. Je ne me limite pas à la simple dimension de décoration. Je pense à la maison depuis l’intérieur, une pièce après l’autre. Je travaille sur les volumes et sur l’harmonisation entre l’extérieur et l’intérieur. Les premières discussions permettent d’identifier ce qui est vraiment important pour les clients : l’intimité, les enfants, la fonctionnalité, la convivialité des lieux… Ensuite je travaille beaucoup avec les magazines pour que les personnes puissent voir des réalisations concrètes. J’encourage beaucoup les gens à faire un classeur avec des photos d’aménagement, de mobilier et d’objets qu’ils aiment. Cette technique permet de définir une orientation avant de se rendre dans les magasins pour choisir.

VOTRE DÉMARCHE S’ASSOCIE À DU COACHING ?

C’est effectivement un aspect de mon travail. J’accompagne les personnes dans la création de leur intérieur. Bien entendu, je reste neutre. Je n’influence pas leurs choix, mais je conseille, j’explique, j’attire l’attention sur certains détails auxquels ils n’auraient peut-être pas pensé. J’essaie aussi de faire tomber certaines barrières psychologiques. La majorité des Romands est locataire et lorsqu’on a été formaté pendant plusieurs années par les régies immobilières avec des murs et du carrelage blanc, il est souvent difficile d’oser des couleurs vives dans un salon ou du parquet dans une salle de bains.

DE GRANDES TENDANCES SE DESSINENT-ELLES ?

Les décors minimalistes et aseptisés n’ont plus vraiment la cote. Aujourd’hui, les gens ont besoin de lumière et d’espace. Les grandes baies vitrées, par exemple, remplacent les petites fenêtres. La recherche de convivialité s’exprime avec des cuisines ouvertes ou des plans de travail prolongés par une table pour un repas informel en famille ou entre amis.

Propos recueillis par ODILE HABEL
infos : www.designgestion.com